Musique d'ascenseur
Filed Under (histoires,style-tbm ) by Chopperrette on lundi 20 février 2012
Posted at : 22:40
Un peu en retard mais cela arrive! En ce moment, je suis un peu comme le lapin blanc d'Alice au pays des Merveilles. J'ai l'impression de courir un peu partout et d'être tout le temps en retard. Pour être honnête, cela fait plusieurs mois que je planche sur ce projet de nouvelle dont le titre est "musique d'ascenseur". Le résultat final n'a pas grand chose à voir avec les bribes que j'avais imaginées mais ces bribes étaient tellement fragmentaires qu'elles pouvaient donner naissance à n'importe quoi. Et vous pouvez maintenant lire le "n'importe quoi" qui en est sorti.
Musique d'ascenseur
"Alleeeeeeez"
Une jeune femme se mord la lèvre inférieure sans un mot. Le RER n'avance pas assez vite à son goût, elle est partie un peu juste et sera très probablement en retard. En plus de martyriser sa lèvre charnue, elle se met à trépigner un peu. Décidément le train n'avance pas assez vite...
Arrive la gare qui l'intéresse, elle s'est arrangée pour être en première position pour sortir du RER tel un diable de sa boîte. Elle appuie nerveusement sur le mécanisme d'ouverture...
"Alleeeeez... ouvre-toi!" grince-t-elle entre ses dents.
Dès l'ouverture des portes, c'est une furie qui s'engouffre dans les couloirs parsemés de néons. Elle trottine efficacement malgré ses talons de 7cm et n'a cure des regards intéressés par ses jambes habillées d'un collant noir légèrement opaque. Son air semble concentré sur le trajet qu'elle doit parcourir.
Sa montre affichant 9h05 lui confirme qu'elle devrait déjà être à l'accueil du bâtiment pour s'annoncer. Elle continue sa course parmi les escalators et arrive à l'air libre. Bien que légèrement essoufflée, son allure ne faiblit pas et l'immeuble qu'elle vise n'est plus très loin. Elle consent à ralentir son allure qu'après la volée de marche qui la mène au tambour de l'accueil. Elle s'arrange pour reprendre un semblant de souffle sur les 10m qui la sépare du guichet des réceptionnistes. Son coeur bat fort dans sa poitrine après l'effort. Maintenant qu'elle marche, elle le sent d'autant mieux.
Une grande inspiration puis elle explique à la réceptionniste qui a tendu le cou vers elle:
- Bonjour, j'ai rendez-vous avec M. Polayon.
- Très bien, je l'appelle pour le prévenir de votre arrivée, pouvez-vous patienter à côté?
- Bien sûr.
Faisant volte-face pour gagner les canapés modernes noirs qui trônent un peu plus loin, ses cheveux châtains libèrent le parfum de son shampooing appliqué plus tôt dans la matinée. Elle profite de ses quelques pas pour stabiliser son pouls qui a commencé à retrouver un rythme plus calme mais toujours trop élevé. Tant pis pour la marche active, ce ne sera que le tour de la table basse qui offre ses magazines et journaux plutôt sérieux. Elle ne se sent guère d'humeur à lire la presse économique et délaisse la table pour s'intéresser aux canapés... Ils semblent trop modernes et peu usagés pour sembler réellement confortables. Un tintement aisément reconnaissable la tire de ses considérations, le glissement métallique de portes qui suit ne laisse aucun doute; un ascenseur est arrivé au rez-de-chaussée. Instinctivement son regard se porte vers l'origine du bruit, c'est M. Polayon, du moins elle en est convaincue.
Elle ne l'a eu que par téléphone et pourtant en le voyant avec sa dégaine d'homme d'affaire "cool", elle est persuadée de l'avoir déjà croisé quelque part. La cravate attachée d'un noeud simple et peu serré donne le ton. Tout semble s'accorder à ce détail: les cheveux savamment en bataille, sans être en épi ou non coiffés, la chemise ni trop dans le pantalon, ni trop sortie, et la veste qui tombe juste ce qu'il faut sur les épaules sans être parfaitement ajustée. Pourquoi le trouve-t-elle séduisant? Ce n'est vraiment pas le moment, elle est là pour conclure une affaire!
Les salutations classiques se déroulent puis le silence les accompagne jusqu'à l'ascenseur qui les a attendu portes fermées. Ils y entrent et se font face, seule la musique douce et un peu mièvre, typique d'ascenseur ose rompre leur silence. Elle sent à son regard que lui aussi la reconnaît sans pouvoir être plus précis qu'elle. Il appuie sur le bouton de l'étage.
Alors que la musique rend la situation de plus en plus embarrassante, leurs pupilles se dilatent presque simultanément.
- Olivia?
- David?
Si la musique a continué, eux ne l'entendent plus. Tout leur revient en mémoire... Bien sûr qu'ils se connaissent, ils étaient en prépa ensembles. Sauf que David Polayon avait plutôt un look de hippie avec ses pantalons aux couleurs flashy et ses cheveux longs. Elle de son côté, avait le look de la parfaite petite adolescente en jeans, baskets et haut un peu lâche, avec ses cheveux attachés négligemment. Aujourd'hui elle est enserrée dans un tailleur bien ajusté et sa queue de cheval est parfaitement tirée sans aucune mèche rebelle. Ils n'étaient pas amis à cette époque, juste dans la même classe.
Ils ont changé en 5 ans, au point de remarquer ce qui semblait sans intérêt... ou est-ce cette satanée musique d'ascenseur?
- J'aimerai que l'on prenne un verre après cet entretien. s'entend-il prononcer.
- Ce serait avec plaisir.
Il répond par un léger sourire en coin. Elle aussi.
Un nouveau tintement et les portes s'ouvrent. Ils franchissent d'un même pas la porte en se regardant du coin de l'oeil. Elle n'a aucune hésitation sur l'endroit où aller, une seule petite salle de réunion leur fait face, le reste n'est qu'open space.
La porte se ferme derrière eux. Les stores vénitiens étaient déjà tirés. Quoi qu'il ait pu se passer derrière les lamelles métalliques, ils allèrent boire un verre et se revirent au moins la semaine suivante.
Une jeune femme se mord la lèvre inférieure sans un mot. Le RER n'avance pas assez vite à son goût, elle est partie un peu juste et sera très probablement en retard. En plus de martyriser sa lèvre charnue, elle se met à trépigner un peu. Décidément le train n'avance pas assez vite...
Arrive la gare qui l'intéresse, elle s'est arrangée pour être en première position pour sortir du RER tel un diable de sa boîte. Elle appuie nerveusement sur le mécanisme d'ouverture...
"Alleeeeez... ouvre-toi!" grince-t-elle entre ses dents.
Dès l'ouverture des portes, c'est une furie qui s'engouffre dans les couloirs parsemés de néons. Elle trottine efficacement malgré ses talons de 7cm et n'a cure des regards intéressés par ses jambes habillées d'un collant noir légèrement opaque. Son air semble concentré sur le trajet qu'elle doit parcourir.
Sa montre affichant 9h05 lui confirme qu'elle devrait déjà être à l'accueil du bâtiment pour s'annoncer. Elle continue sa course parmi les escalators et arrive à l'air libre. Bien que légèrement essoufflée, son allure ne faiblit pas et l'immeuble qu'elle vise n'est plus très loin. Elle consent à ralentir son allure qu'après la volée de marche qui la mène au tambour de l'accueil. Elle s'arrange pour reprendre un semblant de souffle sur les 10m qui la sépare du guichet des réceptionnistes. Son coeur bat fort dans sa poitrine après l'effort. Maintenant qu'elle marche, elle le sent d'autant mieux.
Une grande inspiration puis elle explique à la réceptionniste qui a tendu le cou vers elle:
- Bonjour, j'ai rendez-vous avec M. Polayon.
- Très bien, je l'appelle pour le prévenir de votre arrivée, pouvez-vous patienter à côté?
- Bien sûr.
Faisant volte-face pour gagner les canapés modernes noirs qui trônent un peu plus loin, ses cheveux châtains libèrent le parfum de son shampooing appliqué plus tôt dans la matinée. Elle profite de ses quelques pas pour stabiliser son pouls qui a commencé à retrouver un rythme plus calme mais toujours trop élevé. Tant pis pour la marche active, ce ne sera que le tour de la table basse qui offre ses magazines et journaux plutôt sérieux. Elle ne se sent guère d'humeur à lire la presse économique et délaisse la table pour s'intéresser aux canapés... Ils semblent trop modernes et peu usagés pour sembler réellement confortables. Un tintement aisément reconnaissable la tire de ses considérations, le glissement métallique de portes qui suit ne laisse aucun doute; un ascenseur est arrivé au rez-de-chaussée. Instinctivement son regard se porte vers l'origine du bruit, c'est M. Polayon, du moins elle en est convaincue.
Elle ne l'a eu que par téléphone et pourtant en le voyant avec sa dégaine d'homme d'affaire "cool", elle est persuadée de l'avoir déjà croisé quelque part. La cravate attachée d'un noeud simple et peu serré donne le ton. Tout semble s'accorder à ce détail: les cheveux savamment en bataille, sans être en épi ou non coiffés, la chemise ni trop dans le pantalon, ni trop sortie, et la veste qui tombe juste ce qu'il faut sur les épaules sans être parfaitement ajustée. Pourquoi le trouve-t-elle séduisant? Ce n'est vraiment pas le moment, elle est là pour conclure une affaire!
Les salutations classiques se déroulent puis le silence les accompagne jusqu'à l'ascenseur qui les a attendu portes fermées. Ils y entrent et se font face, seule la musique douce et un peu mièvre, typique d'ascenseur ose rompre leur silence. Elle sent à son regard que lui aussi la reconnaît sans pouvoir être plus précis qu'elle. Il appuie sur le bouton de l'étage.
Alors que la musique rend la situation de plus en plus embarrassante, leurs pupilles se dilatent presque simultanément.
- Olivia?
- David?
Si la musique a continué, eux ne l'entendent plus. Tout leur revient en mémoire... Bien sûr qu'ils se connaissent, ils étaient en prépa ensembles. Sauf que David Polayon avait plutôt un look de hippie avec ses pantalons aux couleurs flashy et ses cheveux longs. Elle de son côté, avait le look de la parfaite petite adolescente en jeans, baskets et haut un peu lâche, avec ses cheveux attachés négligemment. Aujourd'hui elle est enserrée dans un tailleur bien ajusté et sa queue de cheval est parfaitement tirée sans aucune mèche rebelle. Ils n'étaient pas amis à cette époque, juste dans la même classe.
Ils ont changé en 5 ans, au point de remarquer ce qui semblait sans intérêt... ou est-ce cette satanée musique d'ascenseur?
- J'aimerai que l'on prenne un verre après cet entretien. s'entend-il prononcer.
- Ce serait avec plaisir.
Il répond par un léger sourire en coin. Elle aussi.
Un nouveau tintement et les portes s'ouvrent. Ils franchissent d'un même pas la porte en se regardant du coin de l'oeil. Elle n'a aucune hésitation sur l'endroit où aller, une seule petite salle de réunion leur fait face, le reste n'est qu'open space.
La porte se ferme derrière eux. Les stores vénitiens étaient déjà tirés. Quoi qu'il ait pu se passer derrière les lamelles métalliques, ils allèrent boire un verre et se revirent au moins la semaine suivante.
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4 commentaires:
Charmante petite histoire (mais des soucis en perspective avec HR/DRH au prochain épisode!).
Parlez-moi de la muzak... je déteste la muzak, et cette semaine j'ai l'infirme privilège d'être dans un hôtel où on passe de la muzak au petit déjeuner (tant qu'à faire, je préférais le "Santa Honey" et autres chants de Noël de l'autre fois).
On verra pour les soucis! Chaque chose en son temps. ;-)
Et puis, notre héroïne peut sûrement passer le relais à un collègue. Bref, on peut trouver 10 solutions.
La musak je ne connais pas, mais à te lire, ça ne donne pas envie! J'espère que la petite musique d'ascenseur t'a permis de penser à autre chose... ou alors c'est le contraire, cela t'a rappelé la musak! Si c'est le cas, j'en suis désolée.
@Mojo: De toute façon, il n'y a jamais de suite, c'est au lecteur de l'inventer.
Ca peut devenir une jolie histoire d'amour comme une jolie pagaille. ;-)
@Chop: Tiens je connais cette image. :-P
Pour l'histoire, le détail qui reste c'est la lèvre charnue; Je sais pas pourquoi. Comme quoi ...
Pour le reste, le trop classique des retrouvailles m'empêche d'apprécier complètement. Je ne sais pas pourquoi mais je m'y suis attendu: peut être l'habitude de te lire. ;-)
Pour la muzak, voir wikipedia: http://en.wikipedia.org/wiki/Elevator_music. Mais je suis un dur à cuire, ce n'est pas un coup de muzak qui va m'enlever des points de vie.:-)
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