20 ans après...
Filed Under (prise de tête,questions,style-tbm ) by Chopperrette on samedi 8 septembre 2012
Posted at : 11:13
Tout d'abord, je présente mes excuses à ceux qui attendaient impatiemment une photo. J'ai commencé un peu à les traiter mais cette semaine fut très chargée. Aujourd'hui, le sujet ne sera pas forcément joyeux, pas non plus forcément triste, mais il y aura de la lecture pour changer.
J'ai lu un livre récemment, où le personnage principal croisait une photo de lui petit garçon, et il avait le sentiment de l'avoir trahi. Sa vie actuelle n'était pas à la hauteur de ce qu'il avait envisagé ou imaginé plus jeune. Ce passage m'a touchée et j'admets que l'idée à continuer à faire son chemin dans ma petite tête. Qu'en est-il pour mon cas ? J'imagine que le fait d'avoir eu 30 ans cette année n'est pas innocent dans l'affaire.
Cela va peut-être vous paraître présomptueux mais je crois que la petite fille que j'étais serait plutôt contente. Je vous rassure, je suis tout de même loin d'avoir réalisé ses rêves mais elle avait quand même mis la barre TRES haut. Je ne serai jamais un génie de l'informatique comme elle l'avait envisagé ou pilote d'hélicoptère. (ah tiens, ça vous rappelle une nouvelle que j'ai écrite ? Oui ce n'était pas anodin ce choix.).
Dans ma grande mansuétude, je vous épargnerai également la liste exhaustive de ce qu'elle avait prévu... aussi parce qu'elle est trop longue et je crois l'avoir en partie oubliée. Mais je sais qu'elle me pardonnera de ne pas avoir passé des journées ou des nuits entières à tenter de devenir une experte en programmation. La technologie en a profité pour beaucoup évoluer depuis 20 ans et elle comprendrait qu'en tant que "touche à tout", mon caractère reste un obstacle de taille. Surtout, elle n'aurait pas aimé que je ne sois qu'une seule chose sans saisir les opportunités d'essayer d'autres domaines.
C'est pour cela que je pense qu'elle serait assez contente. Je me suis fait une place dans l'équipe où je travaille, mon avis a sa valeur. Il n'est pas incontournable mais on le consulte. Je ne suis plus complètement bloquée par ma timidité comme elle, j'ai pris une assurance et une confiance en moi nécessaire. Bien sûr, j'ai fait des erreurs mais je regrette assez peu de choses en fin de compte. Certaines erreurs sont nécessaires. J'imagine qu'elle rirait de certaines, serait attendrie par d'autres et peut-être parfois incrédule dans quelques cas, peut-être même qu'elle ne comprendrait pas certains de mes actes.
Elle serait contente que, bien que je n'aurais jamais un niveau de guitare qui dépasse le "débutant", j'ai au moins essayé. Elle serait probablement déçue d'apprendre que j'ai tenté d'avoir un niveau d'escalade mais en fin de compte l'intérêt n'est plus ce qu'il a été et j'admets que la peur de la chute s'en est mêlé. Elle me demanderait probablement pourquoi il y a longtemps j'ai fait de l'aïkibudo et depuis que j'ai arrêté, je n'ai jamais repris un seul art martial. Elle me tannerait de trouver un nouveau cours de claquettes et je lui accorderai qu'il faudrait que je le fasse. Cependant, elle comprendrait que j'ai arrêté l'équitation et serait contente qu'en plus du permis voiture, j'ai voulu passer le permis moto, que la fin en est d'ailleurs proche. Elle serait ravie de voir certaines de mes photos, de quelques endroits où j'ai pu aller et d'avoir défié mes peurs parfois. Je pense qu'elle me dirait de continuer, tant pis pour la guitare si j'ai plus de talents en photographie.
20 ans après, je pense qu'elle me dirait que jusqu'à présent, j'ai déjà fait pas mal de choses, un peu plus que ce que j'ai écrit d'ailleurs, mais que j'aurais pu faire plus quand même et qu'elle a hâte d'essayer ce qu'elle ne connaît pas, tenter de faire mieux et plus. Que globalement, j'ai atteint au moins l'objectif que mon travail soit apprécié et d'une certaine manière reconnu. C'est ce qu'elle espérait derrière tous ces métiers qu'elle avait pu imaginer. Tous ces débuts d'année, quand les professeurs demandait le métier que chacun ferait, elle avait dès la 6e opté pour "Ingénieur en informatique" et cela n'a jamais varié. Je ne suis pas stricto sensu Ingénieur en informatique mais j'en suis vraiment très proche vu l'évolution de ce domaine.
Elle sera satisfaite de mes amis stables, même si elle ne les connaît pas encore, à une exception près, et que je n'ai pas renoncé à ce caractère "touche à tout". Même si au fond, il ne mène nulle part.
Mais je sais aussi ce qu'elle dirait: "Tu ne vas pas t'arrêter là... à cette vie ?"
Métro-boulot-dodo ça ne lui plaira pas. Elle se sentira trahie si je fais 40 ans de vie de ce genre pour une hypothétique "retraite". Peu importe le métier, si c'est comparable à "employé de bureau" dans son sens le plus générique, tout ce que j'ai pu faire jusqu'à présent et ce que je pourrai faire dans l'avenir semblera sans aucun intérêt. Tout ce qui aurait pu faire briller ses yeux suite à mon récit disparaîtra, englouti par la déception à venir.
Elle me dira simplement: "Tu ne peux pas faire ça, tu vas partir faire autre chose ou quelque chose, pas vrai ?"
Je sais qu'elle aurait et qu'elle a raison. De toutes façons, je le pense aussi, de plus en plus souvent. Cela fait déjà 7 ans que je travaille et je ne me vois pas faire encore 30 ans comme ça. Je n'ai pas envie de la trahir dans les années à venir, j'ai peur de le faire cependant...
Dans mon regard, elle lirait de la peur et de la tristesse, alors elle comprendrait que j'ai envie de "m'arrêter là" pour reprendre ses mots, même si ça ne me convient pas. Au moment, où elle le comprendrait, elle dirait "NON !", me tournerait le dos et courrait loin de moi se cacher pour aller pleurer.
Moi aussi, je pleure à l'idée de la voir s'éloigner. Je sais d'avance ce qu'elle pense, pourquoi elle m'en veut, les raisons de sa colère... tout ce qu'elle ressent, je sais encore le vivre avec elle, et je pleurerai en silence avec elle. Cependant, je ne l'ai pas encore trahie et elle le sait, nous verrons plus tard, dans 10 ans j'imagine.
A son âge, c'est tellement facile d'envisager de tout laisser derrière soi. On est sûr qu'on va trouver une solution, ou si ça ne marche pas retrouver tout comme avant et reprendre sa vie là où on l'a laissée, avec la satisfaction d'avoir au moins essayé de faire différemment.
C'est tellement plus difficile 20 ans après, surtout, ça fait vraiment peur de changer de vie. On sait qu'on ne pourra pas revenir en arrière si facilement.
Et de votre côté, que penserait l'enfant que vous avez été ?
J'ai lu un livre récemment, où le personnage principal croisait une photo de lui petit garçon, et il avait le sentiment de l'avoir trahi. Sa vie actuelle n'était pas à la hauteur de ce qu'il avait envisagé ou imaginé plus jeune. Ce passage m'a touchée et j'admets que l'idée à continuer à faire son chemin dans ma petite tête. Qu'en est-il pour mon cas ? J'imagine que le fait d'avoir eu 30 ans cette année n'est pas innocent dans l'affaire.
Cela va peut-être vous paraître présomptueux mais je crois que la petite fille que j'étais serait plutôt contente. Je vous rassure, je suis tout de même loin d'avoir réalisé ses rêves mais elle avait quand même mis la barre TRES haut. Je ne serai jamais un génie de l'informatique comme elle l'avait envisagé ou pilote d'hélicoptère. (ah tiens, ça vous rappelle une nouvelle que j'ai écrite ? Oui ce n'était pas anodin ce choix.).
Dans ma grande mansuétude, je vous épargnerai également la liste exhaustive de ce qu'elle avait prévu... aussi parce qu'elle est trop longue et je crois l'avoir en partie oubliée. Mais je sais qu'elle me pardonnera de ne pas avoir passé des journées ou des nuits entières à tenter de devenir une experte en programmation. La technologie en a profité pour beaucoup évoluer depuis 20 ans et elle comprendrait qu'en tant que "touche à tout", mon caractère reste un obstacle de taille. Surtout, elle n'aurait pas aimé que je ne sois qu'une seule chose sans saisir les opportunités d'essayer d'autres domaines.
C'est pour cela que je pense qu'elle serait assez contente. Je me suis fait une place dans l'équipe où je travaille, mon avis a sa valeur. Il n'est pas incontournable mais on le consulte. Je ne suis plus complètement bloquée par ma timidité comme elle, j'ai pris une assurance et une confiance en moi nécessaire. Bien sûr, j'ai fait des erreurs mais je regrette assez peu de choses en fin de compte. Certaines erreurs sont nécessaires. J'imagine qu'elle rirait de certaines, serait attendrie par d'autres et peut-être parfois incrédule dans quelques cas, peut-être même qu'elle ne comprendrait pas certains de mes actes.
Elle serait contente que, bien que je n'aurais jamais un niveau de guitare qui dépasse le "débutant", j'ai au moins essayé. Elle serait probablement déçue d'apprendre que j'ai tenté d'avoir un niveau d'escalade mais en fin de compte l'intérêt n'est plus ce qu'il a été et j'admets que la peur de la chute s'en est mêlé. Elle me demanderait probablement pourquoi il y a longtemps j'ai fait de l'aïkibudo et depuis que j'ai arrêté, je n'ai jamais repris un seul art martial. Elle me tannerait de trouver un nouveau cours de claquettes et je lui accorderai qu'il faudrait que je le fasse. Cependant, elle comprendrait que j'ai arrêté l'équitation et serait contente qu'en plus du permis voiture, j'ai voulu passer le permis moto, que la fin en est d'ailleurs proche. Elle serait ravie de voir certaines de mes photos, de quelques endroits où j'ai pu aller et d'avoir défié mes peurs parfois. Je pense qu'elle me dirait de continuer, tant pis pour la guitare si j'ai plus de talents en photographie.
20 ans après, je pense qu'elle me dirait que jusqu'à présent, j'ai déjà fait pas mal de choses, un peu plus que ce que j'ai écrit d'ailleurs, mais que j'aurais pu faire plus quand même et qu'elle a hâte d'essayer ce qu'elle ne connaît pas, tenter de faire mieux et plus. Que globalement, j'ai atteint au moins l'objectif que mon travail soit apprécié et d'une certaine manière reconnu. C'est ce qu'elle espérait derrière tous ces métiers qu'elle avait pu imaginer. Tous ces débuts d'année, quand les professeurs demandait le métier que chacun ferait, elle avait dès la 6e opté pour "Ingénieur en informatique" et cela n'a jamais varié. Je ne suis pas stricto sensu Ingénieur en informatique mais j'en suis vraiment très proche vu l'évolution de ce domaine.
Elle sera satisfaite de mes amis stables, même si elle ne les connaît pas encore, à une exception près, et que je n'ai pas renoncé à ce caractère "touche à tout". Même si au fond, il ne mène nulle part.
Mais je sais aussi ce qu'elle dirait: "Tu ne vas pas t'arrêter là... à cette vie ?"
Métro-boulot-dodo ça ne lui plaira pas. Elle se sentira trahie si je fais 40 ans de vie de ce genre pour une hypothétique "retraite". Peu importe le métier, si c'est comparable à "employé de bureau" dans son sens le plus générique, tout ce que j'ai pu faire jusqu'à présent et ce que je pourrai faire dans l'avenir semblera sans aucun intérêt. Tout ce qui aurait pu faire briller ses yeux suite à mon récit disparaîtra, englouti par la déception à venir.
Elle me dira simplement: "Tu ne peux pas faire ça, tu vas partir faire autre chose ou quelque chose, pas vrai ?"
Je sais qu'elle aurait et qu'elle a raison. De toutes façons, je le pense aussi, de plus en plus souvent. Cela fait déjà 7 ans que je travaille et je ne me vois pas faire encore 30 ans comme ça. Je n'ai pas envie de la trahir dans les années à venir, j'ai peur de le faire cependant...
Dans mon regard, elle lirait de la peur et de la tristesse, alors elle comprendrait que j'ai envie de "m'arrêter là" pour reprendre ses mots, même si ça ne me convient pas. Au moment, où elle le comprendrait, elle dirait "NON !", me tournerait le dos et courrait loin de moi se cacher pour aller pleurer.
Moi aussi, je pleure à l'idée de la voir s'éloigner. Je sais d'avance ce qu'elle pense, pourquoi elle m'en veut, les raisons de sa colère... tout ce qu'elle ressent, je sais encore le vivre avec elle, et je pleurerai en silence avec elle. Cependant, je ne l'ai pas encore trahie et elle le sait, nous verrons plus tard, dans 10 ans j'imagine.
A son âge, c'est tellement facile d'envisager de tout laisser derrière soi. On est sûr qu'on va trouver une solution, ou si ça ne marche pas retrouver tout comme avant et reprendre sa vie là où on l'a laissée, avec la satisfaction d'avoir au moins essayé de faire différemment.
C'est tellement plus difficile 20 ans après, surtout, ça fait vraiment peur de changer de vie. On sait qu'on ne pourra pas revenir en arrière si facilement.
Et de votre côté, que penserait l'enfant que vous avez été ?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
9 commentaires:
Hmmm, celle que j'étais il y a vingt ans avait principalement pour objectifs de manger, jouer, dormir, écouter des histoires et faire des câlins. Elle ne voyait pas vraiment à long terme, et je pense qu'on peut le lui pardonner ! Quant à dire si je l'ai ou non trahie... C'est assez délicat : elle avait le sourire facile, et celui-ci a malheureusement été terni par certaines désillusions du temps qui passe. Mais je suis toujours gourmande, j'aime d'ailleurs jouer au petit cuistot, le sommeil est un des mes meilleurs potes, et les livres occupent une place majeure dans ma vie. Quant aux câlins... j'en fais même des virtuels à tour de bras ! ^^ Le bilan est donc plutôt positif, non ?
Allez, j'arrête de raconter des conneries et d'étaler ma jeunesse sous le nez de ceux qui ont une dizaine de plus que moi au compteur... ^^
Poutous !
Dans ton cas, tu peux t'arrêter à 10 ou 15 ans. ;-)
Avant 10 ans, on n'a pas forcément beaucoup de projets mais moi j'en avais. Peut-être plus que ceux de mon âge, du moins je voyais mon avenir sûrement différemment d'eux.
Tant que ton bilan est positif, c'est le principal. Dans mon cas, il reste plutôt positif, tout va se jouer dans les années à venir. Ca ne changera pas ce que j'ai déjà fait, juste ce que je n'aurais pas fait.
Merci pour les câlins virtuels, je suis ravie que tu sois passée ici en faire! J'espère que ton compteur d'article va s'incrémenter avant la fin de l'année. :-)
Je vais paraitre bizarre, mais je suis sur de ne pas avoir trahi mon petit moi. J'ai encore les mêmes histoires, souvent les mêmes comportements de gamin, parfois la même intelligence. Je regarde toujours des dessins animés comme lui le faisait, j'échange des jeux informatiques comme lui le faisait, je joue encore comme lui le faisait. Bref trop de points communs pour me dire, ce n'est plus mois.
Il y a des choses qui me manquent à certains moments, mais elles reviendront un jour sous une autre forme. ^^ Et des projets, des rêves, j'en ai encore en réserve. :-D
Donc malgré toutes mes galères, un bilan positif.
Et je n'arrive pas à me dire, je ne suis pas lui.
Mais c'est très bien pour toi!
Au final, c'est ce que je souhaite à mes lecteurs. Ce n'est pas parce que je sais que moi, il y a potentiellement des lacunes que ça doit être le cas de tout le monde. ;-)
Ah et j'allais oublier, je fais encore la grasse mat, je mange encore plein de bonbons, je pose encore des questions connes, je crois encore en l'avenir d'un monde meilleur (c'est boooo) et je fais encore toujours autant de fautes.
Bref que du bonheur.
La seule différence, c'est que maintenant, c'est moi qui paye mes jouets. ^^
Merci pour ce complément Alf.
Payer ses jouets a ses avantages (pour le choix).
Moi globablement ça va, c'est juste "métro boulot dodo", ça la petite fille que j'étais buterait sur ce point. Ce n'est pas une vie très passionnante sur des décennies. Bien sûr, je l'avais vu avec mes parents mais j'espérai vivre autrement. Pas toute ma vie ainsi.
On reste tous un peu des enfants dans nos têtes mêmes si on ne s'en rend pas compte sur le coup. Tiens par exemple, tu joues toujours même si tes jeux ont changé, tu es toujours émerveillée par quelque chose d'inconnu...
C'est vrai Laurent mais ce n'est pas cette partie là de nous qui m'intéressait. Ce n'est pas de savoir si nous sommes encore des enfants mais si ce que nous sommes devenus correspond à nos attentes d'enfants.
L'enfant a grandi, est-il fier de ce qu'il est des années après ?
Enregistrer un commentaire